L’eau objet de spéculation ?

Notre petit village à l’écart des événements internationaux ne se doute pas que son avenir va être soumis à des choix économiques mettant en péril son bien le plus précieux, L’EAU !

La privatisation des barrages (Projet HERCULE) Serre Ponçon et Sainte Croix  qui sont notre réserve pour demain, grâce à l’extension du Canal de Provence dans le Var – pourrait bien changer la donne et l’eau « Bien Commun » deviendrait alors une marchandise !

L’O.N.U. a reconnu, dans la résolution 24-292 du 28 juillet 2010 que :
« le droit à l’eau potable et à l’assainissement est un droit de l’homme, essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l’exercice de tous les droits de l’homme »
C’est une ressource qui n’est pas inépuisable et compte tenu de l’augmentation de la population mondiale et du réchauffement climatique la question de préservation est une question préoccupante.

Mike Young, économiste australien mondialement reconnu, conseiller de l’ONU, a théorisé le marché de l’eau, et annonce : « Les pénuries de l’eau ont déjà commencé. D’ici 2050, la moitié de l’humanité vivra avec des ressources limitées. L’eau doit être gérée d’une manière très précieuse, et utilisée le mieux possible pour gagner de l’argent et nous nourrir. »

Il se dit « très optimiste » sur le fait qu’une véritable crise de l’eau, aussi catastrophique soit-elle, puisse être évitée. « Les modèles théoriques montrent qu’il n’y aura pas de problème si les ressources en eau sont bien gérées. »
D’après lui, un système de gestion approprié pourrait être de définir le droit à l’eau sous forme de partage et non de quantité garantie; chaque personne aurait un compte en eau qui serait en tous points semblable à un compte bancaire. Au fur et à mesure que l’eau deviendrait disponible, elle serait créditée sur le compte et débitée lorsqu’elle serait utilisée.

Avec cette théorie, purement économique, l’eau devient une matière première quelconque comme le pétrole, ce qui est en totale contradiction avec la résolution de l’O.N.U. et ouvre la porte à toutes les dérives.

Les droits à l’eau pouvant être revendus à des tiers, cela a rapidement engendré un phénomène bien connu « la spéculation ». En 2003, a été crée en Australie WATER FIND la première bourse de l’eau bientôt suivie par d’autres comme City Group et la création d’un index (comme CAC40 ou Nasdac) en Californie le NQH20. Cet index donne le cours de l’eau au jour le jour et permet à des investisseurs de parier sur les hausses ou baisse, quand la sécheresse sévit le cours monte.

Pour certains économistes, sensibilisés à l’idée de la rareté, l’ouverture du marché privé de l’eau est un signe positif : il permettra de réguler la consommation de ce bien tout en assurant l’aspect concurrentiel du marché.

La réalité montre que la concurrence n’existe quasiment pas.

En France, le marché de l’eau en bouteille est très concentré : c’est un marché de monopoles, qui a laissé la place à trois grands groupes : Neptune, Nestlé Water et Danone. Ces groupes concentrent 76% d’un marché juteux car quatre verres d’eau consommés sur dix proviennent d’une eau en bouteille.

Plus l’eau sera rare, plus il sera difficile de s’en procurer, plus les entreprises auront du mal à rentrer sur un marché où des monopoles ont déjà été créés.

L’aspect concurrentiel est donc biaisé.

Le nouveau conflit entre Veolia et Suez nous montre que la privatisation de l’eau est un enjeu essentiel. La fusion que Veolia envisage avec Suez souligne que les monopoles sont de plus en plus courants dans ces nouveaux marchés.

MERIDIAM le possible repreneur du volet eau de VEOLIA a semble-t-il envie de prendre sa part du gâteau de la spéculation sur l’eau.

Les conséquences dramatiques de ces spéculation :

En 2006, Thames Water, une entreprise chargée de la gestion de l’eau potable et des eaux usées de Londres est rachetée par un fond d’investissement de la banque australienne Macquarie. Ce fond d’investissement est un fond dit « vautour » : il se spécialise dans l’achat à bas prix de dettes émises par des débiteurs en difficulté. Ce fond d’investissement étant temporaire, le but est de réaliser une plus-value, et de verser un maximum de dividendes aux actionnaires de ce fond. Le fond vautour Macquarie a donc laissé, en disparaissant, une dette bien plus grande à la compagnie (de plus de 50 milliards d’euros). Cette dette a été ensuite transférée sur le compte de Thames Water par un jeu financier bien rôdé. Ainsi, ces milliards d’euros ne devront pas être remboursés par les actionnaires du fond vautour mais bien par les consommateurs britanniques.

MERIDIAM n’est pas considéré comme un fond « vautour », mais il peut revendre l’activité eau à un autre fond.

Conclusion :

L’introduction en bourse de l’eau est un premier voyant d’un futur basé sur la privatisation de l’eau. Certains économistes en spéculant sur les conditions climatiques et sur l’augmentation de la population, ont compris l’importance de cette ressource, nécessaire à la vie de chaque individu sur Terre.

L’eau est en passe de devenir le nouvel or noir du 21ème siècle.

Tout de même, des économistes se battent pour la gratuité et contre la marchandisation de bien comme l’eau. Il s’agit des partisans du modèle de la décroissance. Le principal argument est de montrer que les ressources planétaires sont limitées et donc que la croissance, telle qu’elle est mise en avant aujourd’hui, est menacée. 

Cette privatisation de l’eau pourrait entraîner des conséquences dramatiques sur la vie de milliards d’êtres humains.

Défendre le droit d’accès à l’eau est plus vital que jamais.

C’est le sens de nos actions tant dans notre association que dans l’association CAD-eau.