Haute Valeur Environnementale Késako ?

HVE «Haute Valeur Environnementale ».

Vous avez peut être entendu parler de ce nouveau « Label » pour les produits agricoles et, chez nous, surtout pour le vin. On vous annonce que c’est aussi bien que le BIO ! Qu’en est-il exactement ? Nous allons essayer de vous expliquer ce qui se cache derrière.

Cette certification environnementale issue du Grenelle de l’Environnement est validée par arrêté en 2011. Elle comporte 3 niveaux d’exigences dont seul le troisième permet l’utilisation de la mention «Haute Valeur Environnementale».

Niveau 1 : Premier niveau d’exigence environnementale, avec le respect de la réglementation environnementale. Ce niveau est obligatoire pour passer aux niveaux suivants.

Niveau 2 : Respect des exigences environnementales répertoriées dans les 4 thématiques suivantes et figurant dans un référentiel établi par arrêté.

  • Identifier et protéger, sur l’exploitation, les zones les plus importantes pour le maintien de la biodiversité ;
  • Adapter l’utilisation des produits phytopharmaceutiques en fonction de la cible visée ;
  • Stocker les fertilisants et en raisonner au plus juste les apports afin de répondre aux besoins des plantes, de garantir un rendement et une qualité satisfaisantes tout en limitant les fuites vers le milieu naturel ;
  • Optimiser les apports en eau aux cultures, en fonction de l’état hydrique du sol et des besoins de la plante.

Le respect de ce niveau passe par une obligation de moyens mais pas d’obligation de résultat et sans contrôle particulier.

Niveau 3 : Il engage une obligation de résultats dans les 4 thèmes cités au niveau 2. Les résultats sont évalués avec des critères précis fixés par arrêtés.

La certification HVE3, s’obtient par un système à points qui ne regarde pas la totalité de l’exploitation agricole. Si le paysan a quelques haies et bandes enherbées sur ses vignes, son exploitation aura suffisamment de points pour accéder à la certification alors qu’il continue à utiliser des pesticides, sans limitation.

Seule l’atteinte de ce niveau permet d’obtenir et d’utiliser la mention « Haute Valeur Environnementale » par l’application d’indicateurs suivant les options suivantes :

– Option A : Aucune évolution des pratiques. Tout ce qui est déjà prévu par la réglementation sans application plus stricte ni obligation de résultat. Ex. : Les pesticides CMR ne sont pas interdits. S’il y a une ruche sur l’exploitation on obtient des points.

– Option B = On prend en compte que les résultats économiques.

Cette option, consiste à mesurer le degré d’autonomie de l’exploitation vis à vis des intrants (pesticides engrais). On compte le poids des intrants dans le chiffre d’affaires (ne peux excéder 30 %), et l’exploitation qui a un chiffre d’affaire élevé peut donc utiliser plus d’intrants et donc plus de pesticides. La filière viticole, dont certains ont un très gros chiffre d’affaire, peut accéder à la certification sans diminuer, ni revoir sa consommation en produits de désherbage chimique, pesticides, engrais de synthèse, etc. Vous pouvez produire des tomates hors sol en serres chauffées et être HVE3

HVE3 donne à la viticulture une image plus « environnementale ». Certains disent même que « Il faut vraiment faire n’importe quoi au vignoble pour que l’option B ne soit pas envisageable » !

Les contrôles sont fais par un organisme privé aux frais de l’exploitant. C’est un système déclaratif pouvant se contenter d’une vérification sur le terrain pour 10 % de l’exploitation.

Et en final, contrairement au BIO, il n’y a pas de contrôle sur les produits issus de l’exploitation – la bouteille de vin !

La certification HVE est seulement un outil de communication élaboré par le Ministère après la faillite de « l’Agriculture raisonnée », pour montrer qu’il y a des démarches « environnementales » dans l’agriculture. C’est un outil qui a le mérite de poser le débat sur les pratiques environnementales de l’agriculture et qui montre aussi ses limites : il n’incite à aucune évolution des pratiques agricoles.

Pour certains acteurs du monde agricole les succès du Bio auprès des consommateurs et sa croissance leur font peur. HVE leur permets d’éviter le BIO en faisant croire qu’ils sont aussi bon et pourtant «  c’est ni Bio ni pas Bio, bien au contraire »

Pour poursuivre sur ce sujet un article de Reporterre