VEOLIA vs SUEZ

Bien que nous pensons ne pas être concerné par ce problème car nous sommes en régie municipale pour la distribution de notre eau potable ainsi que pour l’assainissement communal. Il nous semble, quand même, important de nous tenir au courant de cette bataille entre grandes entreprises pour le contrôle du secteur privé de l’eau et assainissement, notamment Français.

Situation pour notre village en 2021:

La convention actuelle qui nous lie à DPVA arrive à échéance à la fin de cette année, elle sera remplacée au 1/1/2021 par une convention avec la régie communautaire en cours de création (annonce de notre Maire au conseil municipal du 2/8/2020).

Voici les grandes lignes de la nouvelle organisation :

  • mise à disposition de personnel par les communes,
  • toutes les communes travaillent avec leurs propres budgets eau et assainissement comme auparavant. Elles fixent le prix de l’eau et agissent en fonction des recettes (simili autonomie financière avec le budget à DPVA)
  • DPVA fera les emprunts pour travaux
  • création d’un fond de soutient (5% du budget) pour aider les petites communes

Nous vous fournirons des informations plus détaillées lorsque nous les aurons.

Du point de vue de l’abonné au service de l’eau potable et assainissement, il ne devrait pas y avoir de changement par rapport à la situation actuelle.

Pourquoi nous intéresser au projet de fusion Veolia Suez ?

DPVA c’est 110 000 hab (aujourd’hui avec une progression de 1000 hab par an) sur un territoire de 914 km². A titre de comparaison Toulon (167 400 hab) Aix (141 200 hab) Nancy (106 300 hab). Ce qui fait de la communauté d’agglomération une éventuelle proie pour des entreprises telles que Veolia ou Suez d’autant plus que plusieurs communes de DPVA sont actuellement sous contrat avec l’une ou l’autre de ces entreprises.

Nous œuvrons avec l’association CAD-eau pour que les communes en fin de contrat passent en régie communautaire (en cours de création à DPVA).

Il faut néanmoins rester très vigilant et d’où l’intérêt de connaitre ce projet de fusion.

État des lieux de Veolia et Suez :

Historique :

SUEZ est née en 1858 et a longtemps porté le nom de Lyonnaise des Eaux avant d’être rachetée, en partie, par GDF pour devenir GDF SUEZ. En 2015 après séparation de GDF, elle devient SUEZ.

VEOLIA descendante de la Compagnie des Eaux de Paris crée en 1778, plus tard elle devient la Générale des Eaux et en 1980 elle se diversifie dans divers domaines (Canal+, SFR…). Elle devient VIVENDI en 1998, sa branche environnement devient VEOLIA en 2000.

Parts de marché (en France) :

Les deux entreprises se partagent 60 % du marché français de l’eau et assainissement ( 40 % VEOLIA et 20 % SUEZ). Les 40 % restant se répartissent entre SAUR (env 10%), quelques petites entreprise et les régies municipales.

Projet de fusion :

Ce n’est pas nouveau, en 2012 Suez avait envisagé un rapprochement avec son concurrent, opération qui a été abandonnée jusqu’en Août de cette année ou cette fois c’est Veolia qui a lancé l’offensive de manière non « amicale » semble-t-il.
Depuis c’est la guerre tant sur les plans économique, juridique et politique.
Je vous conseille de lire l’enquête faite par l’association REPORTERRE à ce sujet voir enquête

Quelques compléments à l’enquête :

L’AMF (Association des Maires de France) dans une publication du 17/9/2020 fait part de ses « interrogations » sur le projet de fusion.
Elle craint une « réduction de l’offre, et donc un affaiblissement de la concurrence, avec ce que cela implique comme tentation d’augmenter le prix de l’eau, et les répercussions que cela aurait sur les usagers ».
Elle redoute aussi une réduction de la qualité du service par le manque de concurrence, aucune possibilité de changer de fournisseur.
Renaud Muselier, président de Régions de France, a qualifié cette opération de création d’un géant Français de l’eau « d’erreur stratégique ». Pour lui, le rapprochement conduirait au contraire à un « affaiblissement à l’international » des deux groupes : « Toutes les grandes compétitions internationales où ils sont en tête à tête depuis des dizaines d’années font en sorte que c’est toujours la France qui gagne, estime Renaud Muselier. S’ils fusionnent, ils laissent mécaniquement la place ouverte à d’autres, qui vont se renforcer et qui gagneront petit à petit des parts de marché qui étaient détenues par les deux grandes entreprises françaises.»
Région de France a écrit au premier Ministre (voir courrier), partisan de cette fusion, en lui demandant de bien prendre en considération les « conséquences très importantes pour la gestion des services publics des collectivités territoriales ». Et, en cas d’aboutissement de la fusion, demande à tout le moins que « la garantie des contrats, de la continuité des contrats de concession en cours » fasse l’objet d’un « engagement très clair de la part des nouveaux opérateurs éventuels ».

Reporterre aborde aussi un aspect inquiétant qui est la « mainmise de la multinationale sur la transition écologique »

Si le projet de fusion aboutit, VEOLIA se retrouvera en position de monopole et devra se séparer de certaines de ses activités. Il a donc anticipé en annonçant la cession de l’activité eau en France à un fond d’investissement MERIDIAM.
Dans une interview donnée à OUEST FRANCE, Thierry Déau (directeur général de Meridiam) n’avait pas caché ses ambitions « Nous sommes une entreprise à mission avec des objectifs très clairs dans le domaine climatique. ».
Ambitions que le fond d’investissement à commencé à mettre en œuvre « Nous sommes par exemple le leader européen de la charge électrique. Avec Evergaz, nous avons aussi bâti le leader européen de la méthanisation en France et en Allemagne. En Guyane, nous construisons une usine de stockage par électrolyse pour faire de l’hydrogène et avoir une pile pour soutenir le réseau pendant les heures de pointe. ».
Vous trouverez à l’adresse suivante (lien) une copie de cette interview avec en rouge les points qui nous alertent et nos commentaires entre parenthèses.

Conclusion :

Nous partageons totalement la conclusion de REPORTERRE, il faut revenir à une gestion en régie, notamment de l’eau et assainissement afin de conserver la gouvernance stratégique de nos services et orientations écologiques.
L’exemple des grandes métropoles de Lyon et Bordeaux qui ont décidé de reprendre, en régie municipale, la gestion de du service public de l’eau et assainissement est encourageant.